07/11/2023
C’est au tour de Raquel Garrido de subir les foudres des cadres de la France Insoumise. Condamnée à 4 mois de suspension au groupe parlementaire LFI-Nupes, soit autant qu’Adrien Quatennens, par ce qu’elle appelle « la cours pénale insoumise » pour avoir « nui au au bon fonctionnement […] du groupe parlementaire ».
Mais ainsi, on peut se poser une question légitime : pourquoi la sanction est identique à celle d’A. Quatennens (suspendu pour violences conjugales) ?
Alors que Raquel Garrido se défend en invoquant une suspension pour désaccords politiques, nombres de militants insoumis, notamment soutiens de Quatennens, déversent leur haine contre elle sur les réseaux sociaux.
Comment peut-on sanctionner de la même manière quelqu’un d’un avis contraire à quelqu’un ayant reconnu des violences conjugales ? Aucune réponse n’est donné par Mathilde Panot lors des questions aux journalistes sur ce sujet.
De plus, il n’existe aucune « grille tarifaire des sanctions » selon François Ruffin qui souhaiterai les connaître.
Ce dernier est d’ailleurs dans le collimateur du clan Mélenchon-Chikirou, jugé trop libre pour certains, trop populiste pour d’autres, alors que sa ligne est la plus à même de rassembler et faire gagner le camps du progrès. Impossible de ne pas y voir une forme de mise au banc des éléments populaires capables de faire de l’ombre à Jean-Luc Mélenchon, qui pourtant déclarait au lendemain de la présidentielle de 2022 : « Faites mieux! ».
Les éléments dits « frondeurs » actuellement sont pourtant les soutiens historiques de Mélenchon (Garrido, Corbière, Autain, Ruffin etc) mais le leader de LFI semble vouloir s’entourer de jeunes cadres qui lui sont ou seront redevables par la suite. On pense à Louis Boyard (d’ailleurs un ancien camarade), Jérome Legrave (premier député trotskyste du POI, parti membre de LFI) ou encore Ersilia Soudais (dont le père est un des rédacs chef de Politis), sans compter les jeunes cadres formés au sein de l’institue La Boétie, présidé par Mélenchon, dont le but est sans doute de remplacer les anciens cadres devenus encombrants. Le groupe « frondeur » avait déjà émis des craintes vis à vis de l’absence de démocratie interne au sein de LFI dans le courant de l’année suite à la restructuration du parti par Manuel Bompard.
Il s’agit là du début de la deuxième purge au sein du mouvement. « la deuxième ? » me diront les plus jeunes. Et oui, la deuxième. La première ayant eu lieu en 2018-19, au moment au Mélenchon décide sans concertation de passer de « l’hégémonie populaire » à « l’hégémonie à gauche » et de lâcher le Plan A Plan B sur la question de l’Union Européenne. Hégémonie réussie, avec le recul, mais qui a laissé sur le carreau nombre de cadres fondateurs du programme de l’Avenir en Commun de 2017. Citons par exemple Georges Kuzmanovic, co-rédacteur des question internationales de l’AEC, qui en novembre 2018 quitte LFI après des protestations sur les prémisses du changement de ligne pour les élections européennes, ou François Cocq, responsable éducation de l’AEC banni par Mélenchon sur twitter. Charlotte Girard, centrale dans le programme de LFI, refuse de prendre la tête de la liste européenne de LFI en 2019, se retrouvant à quitter le mouvement après les dites élections en dénonçant le manque de démocratie et le changement de ligne ayant mené au score catastrophique de 6,3 % des suffrages. Hélène Franco et Manon Le Breton, proches de Girard claquent la porte elles aussi dans la foulée pour les mêmes raisons.
Nombre de militants du PG/LFI attachés aux questions de souveraineté et de démocratie quittent la France Insoumise à ce moment, errant ou se retrouvant dans des partis comme République Souveraine (G. Kuzmanovic), La Gauche Républicaine et Socialiste (E. Maurel/ MN. Lieneman), L’Engagement (A. Montebourg) ou le PCF, mais votent majoritairement une nouvelle fois pour Mélenchon en 2022, faute de mieux.
Ce départ des militants de la première garde se retrouvent remplacés progressivement par de jeunes et inexpérimentés militants, plus axés sur les combats sociétaux, reléguant au second plan le combat pour la république sociale et la souveraineté (alors dénommé nouvel indépendantisme par Mélenchon en 2017).
Mais jamais on a entendu les actuels frondeurs protester contre les bannissements ou départs de leurs anciens camarades. Jamais ils n’ont bougé. Certainement car des postes se sont ainsi libérés ou par crainte de se faire bannir à leur tour, mais la FI a perdu dans cette première purge des cadors de l’AEC et cela n’a absolument pas permit de gagner la présidentielle de 2022.
Les craintes de 2019 ressurgissent maintenant, et aucun cadre du clan Mélenchon-Chikirou ne semble vouloir le changement. Et si la France Insoumise était en passe de devenir le nouveau PS ?
Mollement social-démocrate, ne vivant que par les stratégies électoralistes, et corrompu par manque de démocratie. C’est le chemin que le mouvement semble avoir emprunté.
Affaire à suivre donc.
Tristan