26/02/2023
Individus désolidarisés, politiques néolibérales, capitalisme financier, attaques incessantes des conquis sociaux, faisons un constat avant de reconstruire ensembles
Le capitalisme, ce modèle économique dépravé, où la recherche perpétuelle de gain s’est petit à petit érigé en modèle culturel depuis les années 80 avec le tournant de la rigueur de François Mitterrand en 82. Son programme social ne pouvant être réalisé dans le cadre du mondialisme grandissant, il fut décidé de libéraliser l’économie en privatisant les secteurs alors décrit comme non essentiels aux pouvoirs publics. Dans le même temps, de grandes campagnes dites « sociétales » se mettent en placent avec des avancées dans la droite ligne de Mai 68. Si ces avancées sont intéressantes en tant que telles, il ne faut pas oublier qu’elles sont mises en place pour cacher la casse sociale et la régression des conquis sociaux alors en cours, tout en étant en accord avec la morale bourgeoise et libérale, encore d’actualité aujourd’hui d’ailleurs. Si ces avancées ont lieux, c’est uniquement avec l’aval de cette bourgeoisie sociétalement progressiste que l’on dénomme encore aujourd’hui comme bourgeois-bohèmes, ou libéraux-libertaires. Eux qui ont déjà les ressources financières, pourquoi se priveraient-ils d’avancées sociétales leur étant pleinement avantageuses ?
La culpabilisation du peuple par le chiffon rouge du changement climatique en est l’exemple parfait. La consommation est poussée à son maximum et pourtant les gouvernant incitent les gens au recyclage individuel ou à baisser leur consommation énergétique, alors que la majorité de la pollution vient des grosses industries et des multinationales s’accaparant ressources et vies humaines. Cela ne coûte rien à la bourgeoisie de suivre ces recommandations individuelles, voir même lui donne bonne conscience, mais c’est une illusion de croire que cela résoudra le problème écologique.
L’idéal prôné par ce libéralisme économique et culturel est très clair : Travaille, consomme et ferme ta gueule. Travaille pour gagner un maigre salaire, consomme ce qu’il t’es permit de consommer pour tirer une vaine dose de dopamine, et n’oublie pas que ton avis ne sera jamais prit en compte. C’est le grand malheur de la classe moyenne de ces années là : s’être endetté pour acheter et consommer. La maison, les deux voitures, les biens et équipement diverses etc. Les défenseurs du libéralisme vous dirons que c’était l'âge d’or de la société. Je répond que ça l’était peut-être, mais qu’il était tout à fait prévisible que ce doux mirage s’effondre dans un grand fracas social. Les crises économiques mondiales, dont celle du pétrole ou celles des matières premières devaient être des signaux d’alerte.
Pourtant les privatisations ont continuées, la démocratie bourgeoise s’est transformée doucement en oligarchie cadenacée mais l’enfumage semble avoir correctement fonctionné. Les grands centres commerciaux continuaient de tourner à plein régime au détriment du maillage sociale et des productions locales.
La trahison du socialisme par le PS ainsi que la trahison du gaullisme par le RPR achèvent le peu de confiance du peuple envers ses « représentant » politiques. Fini l’idéal socialiste, fini l’idéal de la participation gaulliste, seul le cap néolibéral est encore présent aux élections, seule sa nuance est votée. On note que le PCF tente tant bien que mal de garder la tête hors de l’eau, ainsi que les débuts électoraux du Front National en tant que vote contestataire et non plus uniquement comme vote d’adhésion.
Et aujourd’hui ?
La casse néolibérale n’a jamais été aussi forte. Toutes les constructions du Conseil National de la Résistance sont à présent à genoux ou simplement démolis. Ai-je réellement besoin de donner des exemples ? Pour nombre de gens la réponse est malheureusement oui :
-Le secteur de l’énergie (EDF-GDF) démantelé et privatisé, phagocyté par des revendeurs privés ne produisant absolument rien, achetant au prix de l’ARENH et revendant selon les prix du marché européen.
-Le secteur de la santé, dans un état catastrophique alors que cela fait des dizaines d’années que tous les voyants sont au rouge. Les équipes médicales sont surchargées, démoralisées, avec de moins en moins de moyen et des temps d’attentes, que ce soit aux urgences ou pour un rendez-vous, qui deviennent démentiels.
-Le secteur des transports publiques se retrouve privatisé petit à petit, avec des prix augmentant chaque années, que ce soit le métro, le train ou les autobus, sans compter leur mise en concurrence sur un marché dérégulé.
-L’éducation nationale, elle aussi souffre d’un manque de moyen considérable. Les salaires n’ont pas augmenté depuis des années, avec un salaire débutant autour de 1500€ après 5 ans d’études, tout est fait pour pousser les gens à postuler en tant que professeurs prestataires et réduire encore les effectifs, tout en augmentant les subvention des écoles privées sous contrat.
-Les retraites, de plus en plus loin, que les prolétaires ne verrons certainement jamais ou en mauvaise santé. La destruction du système par répartition au profit des retraites individuelles gérées par des grandes sociétés financières est ce qui nous attend si rien n’est fait.
-Les forêts, écosystèmes primordiaux dans notre pays, se retrouvent privatisées, exploitées de manière non-durable. L’eau se retrouve aussi au cœur des questions environnementales, et là encore rien ne va. Les agriculteurs sont poussés à continuer les semences de maïs dont la consommation d’eau est insoutenable pour les rivières et nappes phréatiques. La privatisation de l’eau via des méga-bassines est un non-sens absolu aussi, autant du point de vu propriété de l’eau qu’écologique avec une évaporation non prise en compte.
Et ce n’est que quelques exemples parmi tant d’autres. Tout est fait pour couler le service publique de qualité que nous avions, pour filer ensuite les parts de marchés aux financiers. Nombres de Gilets Jaunes déploraient la « République des copains », l’expression était alors dénoncée comme calomnieuse mais elle est pourtant bien réelle. Ce bilan catastrophique est la faute des différents gouvernements qui sont succédés, et uniquement le leur. Jamais ils n’assument; ils disent que ce n’était pas prévisible, mais tout l’était, et nombres d’acteurs sociaux s’efforcent de le dire depuis des années. On nous dit que les privatisations baisserons les coûts, que le consommateur payera moins cher, que c’est bon pour le porte-monnaie, tout est faux : les prix continuent d'augmenter.
Et tous ces mensonges ont réussi jusqu’ici, malgré les contestations la majorité des gens n’ont pas bougé, croyant naïvement que les temps difficiles sont temporaires. Nous sommes pourtant entrés dans un régime de la crise permanente, tout en continuant cette logique individualiste de consommation infinie.
Le dernier référendum date de 2005. Il portait sur l’adhésion de la France à la constitution européenne alors proposée. Le NON l’avait emporté, pourtant, deux ans plus tard, Sarkozy, traître aux idées gaullistes, ratifiait un traité cloné sur celui qui avait été démocratiquement refusé par le peuple, sous prétexte que c’était dans son programme lors de son élection à la présidentielle. Plus aucune consultation populaire depuis, et donc aucune responsabilisation des individus. Sans participation régulière et éclairée des individus dans la vie commune qu’est la France, il est tout à fait logique que les gens se désintéressent progressivement de la chose publique, de la politique. La certitude de ne pas compter aux yeux des gouvernants, l’impossibilité de s’exprimer, le mépris de classe de la bourgeoisie, la répression sanglante des Gilets Jaunes et des manifestations : tous ces facteurs devraient agir comme des alarmes dans une véritable démocratie. Les individus sont déresponsabilisés et sont devenus uniquement des consommateurs, il n’est absolument pas étonnant que les élections se retrouvent avec des taux de participation de plus en plus bas.
Pour sortir de cette longue descente aux enfers deux choses sont nécessaires :
-Une conscience de classe forte parmi les classes populaires. Classe ayant perdue sa conscience progressivement à cause de toute la propagande capitaliste-libérale de consommation de masse, agissant comme un sédatif. Notons néanmoins que les gens ont de manière générale bien conscience de leur place dans la société, mais sont incapables d’imaginer un changement radical en s’unissant et dépasser les querelles de chapelle ou les différents personnels. La classe avec le plus fort taux de conscience est évidement la bourgeoisie, qui se targue parfois même d’avoir gagné la guerre des classes. Le meilleur moyen de gagner ou récupérer cette conscience de classe est de se syndiquer dans les organisations réellement intéressantes et proposant des formations théoriques et pratique concrètes.
- Une conscience citoyenne. Cette conscience permet d’unir les classes populaire saux classes moyennes. Cette dernière a été la plus submergée de propagande, croyant parfois sincèrement qu’elle finirait par rejoindre l’élite du pays. Hors tous les constats sont au rouge, seule une minorité de la classe moyenne s’est élevée, la plus grosse partie sombre petit à petit. Une conscience citoyenne permet de créer un cadre commun et transclasse, mais aux intérêts communs. L’exemple des Gilets Jaunes y est très intéressant : on y retrouve en nombre les classes moyennes et populaires, femmes, hommes, jeunes, vieux. Tout ce beau monde s’est retrouvé autour d’un idéal commun : démocratie et dignité sans pour autant s’entre-déchirer, même si parfois un manque de construction derrière les idées avancées pouvait créer débat. L’engagement dans des partis politiques aux service du peuple ou via des associations locales est ici le meilleur moyen de se construire une réflexion politique et philosophique de la chose publique.
La combinaisons de ces deux consciences semblent être, selon moi, la base pour une réelle révolution démocratique et enfin casser ces crises permanentes.
Cette société cherche des esclaves salariés, dépolitisés et consommateurs. Soyons l’inverses !
Soyons syndiqués, politisés, et résilients ! Sachons entendre l’autre, comprendre son point de vue et ses attentes, cessons les querelles de chapelles, et allons à l’essentiel ! Unissons nous pour l’amélioration des conditions de vie et créons une démocratie nous permettant d’être souverains dans nos décisions !
Rédaction :
MARTIN Tristan
Signataire :
Elise